"Les Profs ne sont pas toujours bien préparés à mener des débats. C'est en tout cas ce que pense Corinne Vezirian, la référente laïcité de l'ESPE de Lille. Dans son mémoire de master sur les formateurs aux valeurs de la République  --ceux  qui assurent l'apprentissage des enseignants sur ce sujet --, elle consacre tout un chapitre ("Apprendre à débattre, une nécessité citoyenne") à expliquer que cette lacune doit absolument être comblée:

"L'apprentissage du débat est un exercice fondamental auquel les enseignants sont également assez peu préparés. Il s'agit pourtant d'un devoir essentiel à l'école : apprendre aux élèves à faire le choix de la citoyenneté. De fait, la discussion en classe poursuit deux objectifs: un qui  se relie à la formation du citoyen, un autre qui permet d'élaborer une pensée collective et individuelle, qui aide à apprendre et à construire des notions et des compétences [...]

L'approche pédagogique du débat doit devenir un élément primordial de la formation des enseignants. [...] La mise en oeuvre d'actes de formation des enseignants sur ces questions est encore balbutiante, mais l'outil débat interroge à l'évidence les enseignants qui hésitent souvent dans les mises en oeuvre, tant ils souhaitent éviter l'écueil de la discussion de café du commerce."

 

Source: Frédéric Béghin ... "Une prière pour l'école" p 216

                                                                     actualité PLON

Entendu hier en partie sur le même sujet  cette émission intéressante même si tout n'est pas à prendre au pied de la lettre...

C'était sur France Inter dans Grand bien vous Fasse ...

 

A propos du Grand débat National :

Laissons la conclusion à Philippe Meirieu :

Neuvième affirmation : mais pour que la parole soit ainsi signifiante, il faut qu’elle soit l’enjeu d’une liberté. Et, là, nous touchons un point essentiel de la réflexion pédagogique : comment la parole peut-elle être la mise en jeu de la liberté ?
Il faut savoir que le meilleur moyen pour que des élèves se taisent, c’est de leur donner la parole. En tous cas, il ne suffit pas de la leur donner pour qu’ils la prennent et, quand ils la prennent, qu’est-ce qui garantit que ceux qui la prennent sont ceux qui ne savent pas déjà parler, s’exprimer oralement
devant un autre, des autres, un public ! Qu’est-ce qui me garantit que c’est le timide ou celui qui bégaie qui va réussir à prendre sur lui et à parler ? Car c’est difficile de prendre la parole devant un groupe et, d’une certaine façon, prendre la parole, c’est faire quelque chose que l’on ne sait pas faire pour apprendre à le faire. Ceci nous plonge au coeur même du paradoxe pédagogique.

Qu’est-cequ’apprendre ? C’est faire quelque chose que l’on ne sait pas faire pour apprendre à le faire. C’est comme cela que nous avons tout appris : nous avons appris à marcher sans savoir marcher et, si chacun d’entre nous avait attendu de savoir faire l’amour pour faire l’amour, il y a belle lurette que
l’espèce ce serait éteinte. L’enjeu essentiel du pédagogue, c’est de créer les conditions pour que l’autre décide de mettre en jeu sa liberté tout en sachant que lui seul peut la mettre en jeu. On voit bien à quel point, par exemple, la chape évaluative qui pèse sur un certain nombre de classes empêche la prise de parole. Dès lors que l’enfant sait qu’il va être évalué, jugé, voire moqué,
comment voulez-vous qu’il parle s’il n’est pas tout à fait sûr de lui. Pour décider de faire quelque chose que l’on ne sait pas faire, il faut être dans des conditions telles que l’on puisse prendre le risque de s’aventurer dans l’inconnu parce que l’on sait que, dans cette situation-là, il y a quelqu’un qui a fait alliance avec vous et que celui qui a fait alliance avec vous ne l’a pas fait pour vous faire trébucher mais pour vous faire réussir. Et l’enfant sait si on lui tend la main pour l’aider à sortir de ses difficultés ou, au contraire, si on retire sa main pour pouvoir se moquer de lui !
Nous sommes, là, au coeur de ce qui articule les dispositifs pédagogiques dans leur complexité :créer des groupes, des lieux de parole, adopter une attitude pédagogique exigeante pour que l’autre fasse ce que lui seul peut faire avec l’aide que moi seul peux lui donner, dans une alliance où chacun des deux a besoin de l’autre : j’ai besoin de lui car je ne peux pas le faire parler s’il ne le
décide pas et il a besoin de moi parce qu’il a besoin que je le regarde positivement, que je ne le juge pas négativement trop vite, que j’entende, y compris ses balbutiements et ses inquiétudes pour qu’il accède à une parole structurée, à une parole organisée. La parole est mise en oeuvre de cette liberté
fondatrice du sujet et, à ce titre, parler, c’est Etre, au sens propre du terme. Et je souhaite que lavéritable parole prenne place dans la classe au détriment des deux seules formes de parole qui habituellement y coexistent : la récitation et le bavardage.
                                                                                                 Philippe Meirieu

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